Afin de développer au mieux les athlètes, il est nécessaire de prendre en compte l’individu. En accord avec le principe fondamental de l’entrainement de spécificité, les staffs devraient chercher à recréer les conditions compétitives afin de permettre le développement de l’athlète et d’obtenir un transfert en match. Grâce à l’évolution des technologies embarquées et notamment des GPS, il est aujourd’hui possible de connaître avec précision les efforts compétitifs aux postes. Dans l’entrainement, les praticiens cherchent alors à recréer les demandes compétitives selon les postes. Pourtant, dans la majorité des cas, les charges de travail sont exprimées de manière absolue, et donc non individualisées selon les capacités compétitives de l’athlète. De ce fait, notre étude avait pour but de comparer la méthode de quantification absolue des charges d’entrainement avec la méthode relative aux capacités compétitives de l’athlète.
Afin de calculer la méthode relative, nous avons choisi de prendre les données de match des semaines dans lesquelles le joueur s’entrainait sur toutes les séances proposées, jouait 90min lors du match, et où les matchs étaient séparés de 6 jours complets. Nous avons ensuite moyenné les valeurs de tous les matchs satisfaisant ces critères et avons exprimé toutes les données d’entrainement en fonction de ces chiffres (donc en %). Les données de matchs montrent alors que le poste le plus exigeant est souvent le milieu excentré, et le moins exigeant le défenseur central.
Malgré ces differences, si l’entrainement adhère aux principes d’individualisation et de spécificité, les différences obtenues avec la méthode de quantification absolue dans la semaine, devraient disparaître avec la méthode relative.
En accord avec notre hypothèse principale, les deux méthodes de quantification des charges de travail sont en désaccord. Cependant, nous émettions cette hypothèse pensant que les charges relatives ne montreraient aucune différence entre les postes, grâce à une construction de l’entrainement adhérant aux principes d’individualisation et de spécificité. Pourtant, les résultats démontrent que les valeurs absolues, mettant en avant des postes sous-chargés comme les défenseurs centraux, ou encore surchargés comme les milieux excentrés, proposent des résultats opposés à la méthode relative. En effet, en utilisant la méthode relative, nous pouvons observer que les milieux excentrés sont en réalité sous-entrainés par rapport à leurs exigences compétitives, quand les autres postes, dont les défenseurs centraux, sont en réalité les postes ayant les exigences les plus fortes lors de l’entrainement. De ce fait, une nouvelle compréhension de l’entrainement émerge de cette quantification, mettant en avant la nécessité d’adapter les charges d’entrainement par rapport aux caractéristiques spécifiques à l’individu.

De plus, cette étude montre que bien que le développement soit recherché dans les centres de formation, et que les distances à haute intensité soient déterminantes dans le football de nos jours, ces actions ne sont que très peu reproduites dans l’entrainement. En effet, durant la semaine les distances à haute intensité devraient être augmentées afin d’assurer leur développement. Sur le graphique ci-dessous représentant la reproduction moyenne de la compétition durant l’entrainement, il est possible de voir que seuls les distances à vitesse modérée et les accélérations s’approchent des valeurs de match (partie violette). Au contraire les distances à haute intensité (ici 20-25 km/h) et en sprint (>25km/h), ne sont que très faiblement reproduites à l’entrainement. Il est alors nécessaire de réduire la partie blanche de ce graphique représentant tout ce qui n’est pas reproduit à l’entrainement. Il convient de noter que ces distances ont largement augmentées ces dernières saisons et que le niveau neuromusculaire des athlètes discrimine les niveaux de pratique.

La quantification des charges de manière relative permet alors une toute nouvelle compréhension de l’entrainement en football et assure l’adhésion aux principes d’individualisation, et de spécificité.