Positional differences in absolute vs. relative training loads in elite academy soccer players

Différences entre les postes dans les charges d'entraînement absolues et relatives chez des joueurs de football élite en centre de formation

Tom Douchet, Christos Paizis, Hugo Roche, Nicolas Babault
Journal de publication
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JSSM
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Biology of Sport
Date de publication
Octobre 2022
Thématiques
GPS
Monitoring
Article complet

Résumé

Introduction :
Les charges d'entraînement hebdomadaires sont généralement rapportées en utilisant des valeurs absolues et ne sont pas individualisées en fonction des exigences des postes occupés en compétition (valeurs relatives). L'objectif de cette étude était d'évaluer les charges d'entraînement absolues et relatives et de comparer les postes pendant une saison complète dans un centre de formation de football élite.
Méthode :
24 joueurs élites d’un centre de formation de football, répartis en cinq postes (CD : défenseur central [n=4]; FB : défenseur latéral [n=5] ; CM : milieu de terrain axial [n=6] ; WM : milieu de terrain excentré [n=5] ; FW : attaquant [n=4]), ont été suivis à l'aide d'un système GPS. La charge d'entraînement absolue a été calculée en utilisant la distance totale, la distance à vitesse modérée ([15-20[ km・h-1]), à haute intensité ([20-25[ km・h-1]), en sprint (> 25 km・h-1), le nombre total d'accélérations (> 3 m・s-2) et de décélérations (< -3 m・s-2). La charge d'entraînement relative a été calculée en divisant les charges d'entraînement absolues par les valeurs moyennes des matchs compétitifs. Les charges d'entraînement ont été déterminées quotidiennement en fonction de leur distance par rapport au jour du match (J-). Des ANOVA à sens unique ont été réalisées pour évaluer les différences entre les postes.
Résultats :
La distance absolue à vitesse modérée était plus grande pour WM par rapport à CD (p=0.015, et p=0.017) tandis que le contraire était montré pour les valeurs relatives (p=0.014, et p<0.001) sur J-4 et J-3, respectivement. La distance absolue à vitesse modérée n'était pas différente entre CD, FB, CM et FW alors que les valeurs relatives étaient supérieures pour CD sur J+2 et J-4 (p<0,05). FB et WM ont réalisé une distance absolue à haute intensité plus importante que CD sur J-4 et J-3 (p<0,05) alors qu'aucune différence n'a été mise en évidence pour les valeurs relatives.
Conclusion :
Nos résultats ont démontré que la charge d'entraînement pour CD est sous-estimée en utilisant les charges d'entraînement absolues pour les distances modérées et à haute intensité. En revanche, les charges d'entraînement relatives ont mis en évidence que WM est une position sous-entrainée. Les charges d'entraînement relatives sont recommandées car elles contextualisent les charges d'entraînement en fonction des exigences de la compétition et favorisent l'individualisation de l'entraînement.
article typical weekly physical periodization in french academy soccer teams: a survey

Explications

Afin de développer au mieux les athlètes, il est nécessaire de prendre en compte l’individu. En accord avec le principe fondamental de l’entrainement de spécificité, les staffs devraient chercher à recréer les conditions compétitives afin de permettre le développement de l’athlète et d’obtenir un transfert en match. Grâce à l’évolution des technologies embarquées et notamment des GPS, il est aujourd’hui possible de connaître avec précision les efforts compétitifs aux postes. Dans l’entrainement, les praticiens cherchent alors à recréer les demandes compétitives selon les postes. Pourtant, dans la majorité des cas, les charges de travail sont exprimées de manière absolue, et donc non individualisées selon les capacités compétitives de l’athlète. De ce fait, notre étude avait pour but de comparer la méthode de quantification absolue des charges d’entrainement avec la méthode relative aux capacités compétitives de l’athlète. 
Afin de calculer la méthode relative, nous avons choisi de prendre les données de match des semaines dans lesquelles le joueur s’entrainait sur toutes les séances proposées, jouait 90min lors du match, et où les matchs étaient séparés de 6 jours complets. Nous avons ensuite moyenné les valeurs de tous les matchs satisfaisant ces critères et avons exprimé toutes les données d’entrainement en fonction de ces chiffres (donc en %). Les données de matchs montrent alors que le poste le plus exigeant est souvent le milieu excentré, et le moins exigeant le défenseur central.
Malgré ces differences, si l’entrainement adhère aux principes d’individualisation et de spécificité, les différences obtenues avec la méthode de quantification absolue dans la semaine, devraient disparaître avec la méthode relative. 
En accord avec notre hypothèse principale, les deux méthodes de quantification des charges de travail sont en désaccord. Cependant, nous émettions cette hypothèse pensant que les charges relatives ne montreraient aucune différence entre les postes, grâce à une construction de l’entrainement adhérant aux principes d’individualisation et de spécificité. Pourtant, les résultats démontrent que les valeurs absolues, mettant en avant des postes sous-chargés comme les défenseurs centraux, ou encore surchargés comme les milieux excentrés, proposent des résultats opposés à la méthode relative. En effet, en utilisant la méthode relative, nous pouvons observer que les milieux excentrés sont en réalité sous-entrainés par rapport à leurs exigences compétitives, quand les autres postes, dont les défenseurs centraux, sont en réalité les postes ayant les exigences les plus fortes lors de l’entrainement. De ce fait, une nouvelle compréhension de l’entrainement émerge de cette quantification, mettant en avant la nécessité d’adapter les charges d’entrainement par rapport aux caractéristiques spécifiques à l’individu. 
De plus, cette étude montre que bien que le développement soit recherché dans les centres de formation, et que les distances à haute intensité soient déterminantes dans le football de nos jours, ces actions ne sont que très peu reproduites dans l’entrainement. En effet, durant la semaine les distances à haute intensité devraient être augmentées afin d’assurer leur développement. Sur le graphique ci-dessous représentant la reproduction moyenne de la compétition durant l’entrainement, il est possible de voir que seuls les distances à vitesse modérée et les accélérations s’approchent des valeurs de match (partie violette). Au contraire les distances à haute intensité (ici 20-25 km/h) et en sprint (>25km/h), ne sont que très faiblement reproduites à l’entrainement. Il est alors nécessaire de réduire la partie blanche de ce graphique représentant tout ce qui n’est pas reproduit à l’entrainement. Il convient de noter que ces distances ont largement augmentées ces dernières saisons et que le niveau neuromusculaire des athlètes discrimine les niveaux de pratique. 
La quantification des charges de manière relative permet alors une toute nouvelle compréhension de l’entrainement en football et assure l’adhésion aux principes d’individualisation, et de spécificité. 

Cet article a fait l'objet d'une communication orale lors d'un congrès

Congrès de l'ECSS, Séville - Espagne, 2022