Physical Impact of a Typical Training Session with Different Volumes on the Day Preceding a Match in Academy Soccer Players

Impact physique d'une séance d'entraînement typique le jour précédant un match avec différents volumes chez des joueurs de football élite en centre de formation

Tom Douchet, Christos Paizis et Nicolas Babault
Journal de publication
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IJERPH
Date de publication
Octobre 2022
Thématiques
Affutage
Performance
Article complet

Résumé

Introduction :
Les centres de formation français mettent presque tous en œuvre des exercices de vivacité et des jeux réduits la veille d'un match (J-1). Cette étude visait à déterminer l'impact physique de différentes durées d'entraînement à J-1 sur l'état de forme le jour du match.
Méthode :
Onze joueurs U19 d’un centre de formation de football ont effectué trois séances d'entraînement typiques d'une durée de 45 minutes (TS45), 60 minutes (TS60) et 75 minutes (TS75) sur J-1. Pendant TS60, l'échauffement, la vivacité et le jeu réduit duraient respectivement 10, 15 et 24 min, plus les commentaires des entraîneurs ou les pauses pour boire. Les durées de toutes les composantes de l'entraînement ont diminué de 25% pour le TS45 et augmenté de 25% pour le TS75. Les tests ont été effectués sur J-4 (CONTROL) et le jour du match (TEST). Les tests consistaient en un saut à contre-mouvement (CMJ), un sprint de 20 m, un Illinois Agility Test (IAT) et un questionnaire de Hooper.
Résultats :
Les valeurs du CONTROL étaient similaires dans les trois conditions expérimentales. Le TEST sur le jour du match a révélé un CMJ supérieur pour TS45 (42,7 ± 5,1 cm) par rapport à TS60 (40,5 ± 5,5 cm, p = 0,032) et TS75 (40,9 ± 5,7 cm, p = 0,037). Le temps sur 20m était inférieur pour TS45 (3,07 ± 0,10 s, p < 0,001) et TS60 (3,13 ± 0,10s, p = 0,017) par rapport à TS75 (3,20 ± 0,10 s). Le temps d'IAT était inférieur sur TS45 (14,82 ± 0,49 s) par rapport à TS60 (15,43 ± 0,29 s, p <0,001) et TS75 (15,24 ± 0,33 s, p = 0,006). De plus, l'indice Hooper était plus faible au TEST pour le TS45 (7,64 ± 1,50) par rapport au TS60 (11,00 ± 3,49, p= 0,016) et au TS75 (9,73 ± 2,41, p = 0,016), ce qui indique un meilleur état de forme.
Conclusion :
Nous avons conclu que, lorsque la durée de l'entraînement augmente, les performances diminuent sur le jour du match. Un entraînement comprenant des exercices de vivacité et de jeux réduits à J-1 ne devrait pas durer plus de 45min.
article physical impact of a typical training session with different volumes on the day preceding a match

Explications

L'objectif de cette étude était de tester l'impact de diverses durées d'entrainement lors de la séance du jour précédant le match (J-1) sur l'état de forme compétitif. Actuellement, la durée de cette séance est généralement de 60min et comporte un échauffement, du travail de vivacité, et des jeux réduits, dans un objectif d'affutage. Cependant, ces contenus sont également largement utilisés par les staffs dans un but de développement physique à d'autres moments de la planification du microcycle. De ce fait, ces contenus peuvent paraitre trop exigeants par rapport à l'objectif d'affutage et donc entrainer une baisse de l'état de forme compétitif.
Afin d’observer son impact sur l'état de forme compétitif, nous avons testé cette séance avec sa durée typique (60min), que nous avons comparée à une durée plus courte (-25% soit 45min), et plus longue (+25% soit 75min). Notre protocole a duré 7 semaines, et comprenait une semaine de familiarisation, et 3 semaines expérimentales qui étaient toutes précédées de semaines d’entrainement standardisées. Ces semaines standardisées avaient pour but que les joueurs soient dans un état de forme comparable au début des semaines expérimentales. Les semaines expérimentales étaient également identiques (excepté l’entrainement de veille de match à J-1).
La durée de l’entrainement testé variait donc de +/- 25% par rapport à la durée typique. La durée des composantes de l’entrainement (échauffement, vivacité, et jeu réduit), variait également de +/- 25% par rapport à la durée typique.
Du fait de la corrélation entre durée d’entrainement et charge externe, la plupart des variables GPS ont montré une augmentation linéaire entre les entrainements de 45, 60, et 75min. De manière intéressante, la RPE n’était pas corrélée à la variation de la durée d’entrainement.
Certaines variables GPS ne montraient d’ailleurs aucune différence entre l’entrainement de 45 et 60min, voire aucune différence comme la distance au delà de 25km/h. Ce dernier résultat peut s’expliquer par la taille réduite des terrains ne permettant pas d’atteindre ces vitesses.
Concernant l’état de forme le jour de la compétition, les tests réalisés de détente (Contre Mouvement Jump), de vitesse en ligne droite (10m – 20m) ou avec changement de direction (Illinois Agility Test), semblent montrer une supériorité de la durée d’entrainement réduite. Les joueurs étaient donc dans un état de forme supérieur, quel que soit le test, lorsqu'ils réalisaient une durée d'entrainement réduite de 45min.
Ces résultats se confirmaient également pour l’état de forme subjectif rapporté par les athlètes. La fatigue et le Hooper Index (somme de tous les indicateurs) montraient un état de forme significativement amélioré après la séance de 45min en comparaison des autres durées d'entrainement.
Cette étude montre que la durée d'entrainement de J-1 devrait être réduite si l'utilisation de vivacité et de jeux réduit fait partie des pratiques du staff. Pour autant, du fait des nombreuses contraintes liées à l'utilisation de la vivacité et des jeux réduits (accélérations, décélérations, changement de direction) cette séance de veille de match pourrait être l'occasion de travailler des phases de jeu moins exigeantes physiquement comme les coups de pied arrêtés, ce qui pourrait permettre de travailler tactiquement, tout en conservant un potentiel physique compétitif optimal.
Conclusion :

La durée de l'entraînement de J-1 utilisant du travail de vivacité et des jeux réduits a un impact sur les performances physiques et psychologiques le jour du match.

La réduction de la durée à 45 minutes a conduit à de meilleures performances par rapport à 60 et 75 minutes.

Nous encourageons les staffs à réduire la durée d’entrainement ou encore à utiliser des exercices à charge plus légère tels que les coups de pied arrêtés et les exercices tactiques à J-1 si l’on recherche l’affutage.

Cet article a fait l'objet d'une communication lors d'un congrès

Congrès de l'ACAPS, Montpellier - France, 2021