Intensity vs. Volume in Professional Soccer: Comparing Congested and Non-Congested Periods in Competitive and Training Contexts Using Worst-Case Scenarios

Intensité vs. Volume dans le Football Professionnel : Comparaison des Périodes Congestionnées et Non-Congestionnées en Compétition et à l’Entraînement à l’Aide des Pires Scénarios Compétitifs Possibles

Tom Douchet, Antoine Michel, Julien Verdier, Nicolas Babault, Marius Gosset, Benoit Delaval
Journal de publication
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Sports MDPI
Date de publication
Février 2025
Thématiques
Planification
WCS
Article complet

Résumé

Introduction :
Comprendre l’équilibre entre l’intensité et le volume lors de l’entraînement et en compétition est essentiel pour optimiser la performance et la récupération des joueurs de football professionnel. Si les worst-case scenarios (WCS) sont couramment utilisés pour évaluer les exigences maximales des matchs, peu d’études ont analysé la répartition du temps passé dans ces seuils d’intensité selon les périodes de congestion et de non-congestion, en tenant compte du temps de jeu des joueurs.
Méthode :
Cette étude examine le temps passé à différents pourcentages du WCS lors de périodes de congestion et de non-congestion, en fonction du temps de jeu des joueurs, à la fois à l’entraînement et en match. Les données ont été collectées auprès d’une équipe de football professionnel sur une période incluant à la fois une séquence de matchs rapprochés (congestion) et une séquence avec plus d’intervalles entre les matchs (non-congestion). Vingt joueurs ont été répartis en deux groupes en fonction de leur temps de jeu : PT 1-10 (les 10 joueurs ayant accumulé le plus de temps de jeu) et PT 11-20 (les 10 joueurs ayant joué le moins).
Les seuils de WCS ont été calculés pour la distance totale parcourue (TD) et la distance parcourue à plus de 20 km/h (D20), par paliers de 10%, à partir de 50% jusqu’à plus de 100%. Le temps passé dans chaque zone a été comparé entre les périodes de congestion et de non-congestion, ainsi qu’entre les groupes de joueurs, uniquement pour les exercices intégrés réalisés à l’entraînement.
Une ANOVA à mesures répétées a été utilisée pour analyser les différences entre les groupes et les périodes.
Résultats :
Les résultats montrent que, pendant les entraînements, les joueurs ont passé significativement plus de temps dans les zones 50-90% du WCS TD et D20 lors des périodes de non-congestion par rapport aux périodes de congestion (p < 0.05). En revanche, aucune différence significative n’a été observée au-delà de 90% du WCS entre les périodes (p > 0.05).
Les joueurs des groupes PT 1-10 et PT 11-20 ont présenté des profils similaires en termes de temps passé dans les différentes zones d’intensité, avec seulement quelques effets de légers sur certains indicateurs.
Conclusion :
Ces résultats suggèrent que les entraîneurs devraient concevoir des séances d’entraînement visant à répliquer ou à dépasser les exigences des matchs, notamment lors des périodes de non-congestion. À l’avenir, les stratégies d’entraînement pourraient inclure des jeux avec de plus grands espaces et des durées plus importantes ainsi que des contenus dissociés, afin d’individualiser davantage la charge d’entraînement, en particulier pour les joueurs remplaçants.
Intensité vs. Volume dans le Football Professionnel : Comparaison des Périodes Congestionnées et Non-Congestionnées en Compétition et à l’Entraînement à l’aide des pires scénarios compétitifs possibles

Explications

Dans l’entraînement moderne, notre objectif est de recréer, voire de dépasser les exigences compétitives afin d’optimiser la performance des joueurs en match. Depuis plusieurs années, les études scientifiques s’intéressent aux formats de jeu permettant d’y parvenir. Mais faut-il chercher à reproduire le volume des matchs ou plutôt leur intensité ?

Reproduire les volumes compétitifs à l’entraînement est complexe, car cela impliquerait des durées similaires à celles des matchs, ce qui n’est pas toujours envisageable. C’est pourquoi la réplication des intensités compétitives est plus souvent recherchée.
De nombreux indicateurs existent pour mesurer l’intensité, mais jusqu’à récemment, peu prenaient en compte la dimension intégrée (avec ballon). C’est dans ce contexte qu’a émergé le concept de Worst-Case Scenario (WCS), qui représente les pics d’intensité les plus élevés d’un joueur dans une fenêtre temporelle donnée (ex. 1 minute).
Par exemple, un joueur peut parcourir 200 à 250 mètres par minute lors de son pic d’intensité, alors que son rythme moyen sur un match est d’environ 100 à 120 mètres par minute s’il joue 90 minutes. Ce WCS est donc un bon indicateur des efforts maximaux qu’un joueur doit être capable de supporter en match. Notons que d’autres résultats que ceux présentés ici sont disponibles dans l’étude, notamment pour les WCS à haute intensité, au-delà de 20km/h. Nous ne présenterons ici que le WCS sur la distance totale.
Dans notre étude, nous avons cherché à quantifier le temps que chaque joueur passe à différents pourcentages de son WCS, en comparant deux périodes distinctes :
Période de congestion (à partir du 20 août, sur 14 jours) : 4 matchs compétitifs avec 2 à 3 jours d’entraînement entre les rencontres.

Période de non-congestion (après une trêve internationale, sur 27 jours) : 4 matchs également, mais avec 4 à 5 jours d’entraînement entre chaque rencontre.
Nous avons également analysé les différences selon le temps de jeu des joueurs. En effet, nos données personnelles nous montrent que sur une saison, 10 joueurs se partagent environ 70% du temps de jeu disponible. De plus 16 joueurs partagent environ 95% du temps de jeu.
La question que nous nous posions était alors la suivante :
Dans des contextes complètement différents comme une période de congestion et de non-congestion, dans lesquels la rotation d’effectif varie, et où les compensations pour les joueurs avec un temps de jeu plus faible sont donc impactées, existe-t-il une différence notable sur les temps passés en pourcentage du WCS en match et à l’entrainement ?
Une fois le WCS individuel déterminé, nous avons mesuré le temps passé à l’entraînement et en match dans différentes zones d’intensité (au-delà de 50% du WCS, par paliers de 10%), ce qui nous donnait un tableau du type suivant :
À l’entraînement, nous avons fait le choix de ne conserver que les exercices intégrés (exercices avec ballon), car un WCS de 200 m/min correspond à une vitesse de 12 km/h, difficilement atteignable dans un contexte de jeu. En revanche, sur des exercices dissociés (ex: course linéaire), ces vitesses sont plus facilement atteintes, ce qui aurait faussé notre analyse.
Nous avons ensuite réparti les 20 joueurs étudiés en deux groupes :

Groupe 1 : les 10 joueurs ayant le plus de temps de jeu.
Groupe 2 : les 10 joueurs ayant le moins de temps de jeu.

Les différences entre les deux groupes sont détaillées ci-dessous :
Effet de la congestion sur les intensités en entraînement et en match

À l’entraînement, nous avons observé que le temps passé dans les zones 50-60%, 60-70%, 70-80% et 80-90% du WCS était supérieur en période de non-congestion.

En revanche, aucune différence significative n’a été observée pour la très haute intensité (90-100% du WCS).

En match, aucune différence significative n’a été observée entre les périodes de congestion et de non-congestion, quel que soit le seuil d’intensité.
Interprétation :

La différence observée à l’entraînement est logique, car la période de non-congestion comportait plus de séances collectives (19 vs 10 entraînements). En revanche, l’absence de différence pour les très hautes intensités suggère que l’entraînement peine à reproduire les efforts maximaux du match.

L’absence d’impact de la congestion sur les matchs indique probablement que les stratégies de récupération mises en place sont efficaces.
Différences selon le temps de jeu

Quel que soit le temps de jeu des joueurs, aucune différence significative n’a été observée, ni à l’entraînement, ni en match.
Interprétation :

Ce résultat interroge nos méthodes d’entraînement, notamment pour les joueurs avec un temps de jeu réduit. Ces joueurs n’ont pas une exposition suffisante aux très hautes intensités en match, ce qui pourrait affecter leur capacité à performer lorsqu’ils sont sollicités.
Conclusion :

Notre étude met en évidence deux constats majeurs :

À l’entraînement, les intensités maximales des matchs sont difficiles à reproduire de manière intégrée (avec ballon). Les joueurs avec peu de temps de jeu n’ont pas forcément une exposition suffisante aux très hautes intensités.

Ces observations doivent nous questionner sur nos méthodes et encourager l’élaboration de stratégies plus ciblées pour garantir que tous les joueurs soient prêts à répondre aux exigences du haut niveau.

De ce fait, plutôt que chercher à reproduire le volume ou l’intensité compétitive, nous devrions avoir pour objectif de reproduire et dépassé le volume d’intensité.