Dans l’entrainement, et surtout en formation, l’objectif est de développer physiquement les joueurs. Pour ce faire, il est nécessaire de s’appuyer sur la relation entre charge de travail et développement. Une augmentation des charges de travail mènerait alors à un développement accru. Afin d’augmenter les charges de travail, il est possible de jouer sur le nombre d’entrainement. Cependant cette solution peut paraître complexe du fait des impératifs extra-sportifs liés aux centres de formation.
Une solution pourrait être de modifier la planification pour tenter d’augmenter les charges de travail. Cette étude proposait alors de tester une planification des contenus d’entrainement modifiée par rapport à la planification typique, en inversant les contenus d’entrainement de J-4 et J-2 (aérobie et vitesse) lorsque l’on utilise une planification modifiée.
Lire : Influence d'une planification du microcycle modifiée par rapport à une planification typique sur les charges externes hebdomadaires et l’état de forme le jour du match chez des joueurs de football élite d’un centre de formation.
Cette étude s'est intéressée à l’ordre des séances au cours du microcycle, et plus particulièrement, les qualités physiques dont le développement est recherché lors des séances visant le développement physique. D’après les réponses du questionnaire de ma première étude de thèse
(voir ici), les préparateurs physiques recherchent majoritairement le développement aérobie lors de la première journée à charge élevée, puis de la vitesse lors de la seconde. Nous avons donc réutilisé la planification modifiée vu précédemment qui s’était montrée supérieure à la planification typique.
Dans cette nouvelle étude explorant l’impact de l’ordre des séances à charges élevées, nous avons donc comparé une planification recherchant le développement aérobie à J-4 et de la vitesse à J-2, avec une planification commençant par le développement de la vitesse à J-4, puis aérobie à J-2. Nous nous sommes alors focalisés sur les distances parcourues sur ces séances dédiées au développement physique, ainsi que l’état de forme entrainé le jour du match. Nous émettions l'hypothèse que les joueurs parcourraient des distances supérieures pour chaque séance lorsque celles-ci sont placées en début de semaine, à J-4, plutôt qu'à J-2, du fait de l'état de forme significativement supérieur. Nous émettions également l'hypothèse que ces changements n'impacteraient pas la performance compétitive.

Afin de répondre à cette question, nous avons utilisé le protocole suivant sur 6 semaines. Le protocole débutait par une semaine de familiarisation avec la procédure de test. Les tests étaient réalisés à J-4 et le jour du match et composés du questionnaire d’état de forme subjectif de HOOPER, d’un test de CMJ, un sprint de 20m avec un temps au 10m, et un Illinois Agility Test. Les joueurs étaient donc testés lors des semaines de test (AÉROBIE / VITESSE ou VITESSE / AÉROBIE). Ces semaines expérimentales étaient précédées de semaines d’entrainement qui étaient strictement identiques pour permettre aux joueurs d’être dans un état de forme comparable lors des semaines expérimentales. Les valeurs GPS étaient relevées sur les deux séances de développement, à J-4 et J-2.
En accord avec les hypothèses que nous émettions, cette étude aura permis de montrer que les séances d’entrainement (et donc les qualités physiques dont le développement est recherché) produisent des charges externes accrues lorsqu’elles sont placées lors de la première journée à charges élevées (à J-4, plutôt qu’à J-2). En effet, chaque qualité démontrait des distances parcourues supérieures dans les zones de vitesse dont le développement est recherché en début de semaine (vitesse de moyenne et haute intensité pour la qualité aérobie – vitesse de haute et très haute intensité pour la qualité de vitesse).

Cela s’explique notamment par l’état de forme possiblement supérieur lors de la première journée à charges élevées, en comparaison de la seconde. Aussi, il est intéressant de noter que l’état de forme compétitif n’a pas été impacté par ces modifications de la planification du microcycle. Cette étude a alors des implications très importantes pour la construction de la planification hebdomadaire dans le football. En accord avec l’étude précédente ayant montré que d’autres prescriptions des charges de travail pouvaient être utilisées dans le microcycle, d’autres organisations des contenus le peuvent aussi. Contrairement aux principes proposés par la planification tactique, inverser l’ordre des qualités physiques dans la semaine n’a pas engendré de modifications de l’état de forme compétitif.
De plus, ces modifications de la planification ont permis de mettre en avant la nécessité d’être dans un état de forme optimal afin d’accroitre les charges externes dont le développement est visé, si l’on conserve les contenus utilisés actuellement. Cela signifie alors que les praticiens devraient construire leur planification à partir des qualités physiques dont le développement est prioritairement souhaité. Les qualités neuromusculaires semblent aujourd’hui être déterminantes du niveau de pratique et de l’accès au haut niveau. De ce fait, nous pourrions proposer que la séance vitesse, utilisant majoritairement des grands espaces de jeu, et du travail de sprint, soit réalisée en premier lors de la semaine pour favoriser le développement de la capacité de sprint, et de répétitions d’efforts à haute intensité. Pourtant, en accord avec le principe de variation, nous devons mettre en avant la nécessité de varier les planifications du microcycle et donc d’alterner les possibilités. Cette étude offre donc cette possibilité en montrant que diverses organisations sont réalisables.